LUCIANO BERIO

Compositeur italien né le 24 octobre 1925 à Oneglia, mort le 26 mai 2003 à Rome.

 

C'est à Oneglia, au Nord-Ouest de la péninsule italienne, que Luciano Berio voit le jour le 24 octobre 1925. Le cercle familial où il vit jusqu'à l'âge de dix-huit ans sera le lieu de sa première éducation musicale essentiellement dispensée par son grand père Adolfo, et son père Ernesto, organistes et compositeurs. Il y apprend le piano et y pratique beaucoup la musique de chambre. À la suite d'une blessure à la main droite, il doit renoncer à une carrière de pianiste et se tourne vers la composition. À la fin de la guerre, il entre au conservatoire Verdi de Milan, d'abord avec Paribeni (contrepoint et fugue) puis avec Ghedini (composition) et avec Votto et Giulini (direction d'orchestre). Il gagne sa vie en tant que pianiste accompagnateur et rencontre la chanteuse américaine d'origine arménienne Cathy Berberian qu'il épouse en 1950 et avec laquelle il explorera toutes les possibilités de la voix à travers plusieurs œuvres dont la célèbre Sequenza III (1965). En 1952, il part à Tanglewood étudier avec Luigi Dallapiccola pour qui il éprouve une grande admiration. Chamber Music (1953) sera composé en hommage au maître. Au cours de ce séjour, il assiste à New York au premier concert américain comprenant de la musique électronique. En 1953, il réalise des bandes sonores pour des séries de télévision. À Basle, il assiste à une conférence sur la musique électroacoustique où il rencontre Stockhausen pour la première fois. Il fait alors ses premiers essais de musique sur bande magnétique (Mimusique n°1) et effectue son premier pèlerinage à Darmstadt où il rencontre Boulez, Pousseur et Kagel et s'imprègne de la musique sérielle à laquelle il réagit de façon personnelle avec Nones (1954). Il retournera à Darmstadt entre 1956 et 1959, y enseignera en 1960, mais gardera toujours ses distances par rapport au dogmatisme ambiant. Berio s'intéresse à la littérature (Joyce, Cummings, Calvino Levi-Strauss) et à la linguistique qui nourriront sa pensée musicale. En 1955, il fonde avec son ami Bruno Maderna le Studio de phonologie musicale de la RAI à Milan, premier studio de musique électro-acoustique d'Italie. De ses recherches naîtra notamment Thema (Omaggio a Joyce) (1958). En 1956, il crée avec Maderna les Incontri musicali, séries de concerts consacrés à la musique contemporaine, et publie une revue de musique expérimentale du même nom entre 1956 et 1960. Passionné par la virtuosité instrumentale, il entame en 1958 la série des Sequenzas dont la composition s'étendra jusqu'en 1995, et dont certaines s'épanouiront dans la série des Chemins. À partir de 1960, il retourne aux États-Unis où il enseigne la composition à la Dartington Summer School, au Mill's College d'Oakland, à Harvard, à l'université Columbia. Il enseigne aussi à la Juilliard School de New York entre 1965 et 1971 où il fonde le Juilliard Ensemble (1967) spécialisé dans la musique contemporaine. Dans les années soixante, il collabore avec Sanguineti à des œuvres de théâtre musical dont Laborintus 2 (1965) sera la plus populaire. Il appartient alors à la gauche intellectuelle italienne. En 1968 il compose Sinfonia qui, avec ses multiples collages d'œuvres du répertoire, traduit le besoin constant de Berio d'interroger l'histoire. Durant cette période, il intensifie ses activités de chef d'orchestre. Berio retourne vivre en Europe en 1972. À l'invitation de Pierre Boulez, il prend la direction de la section électroacoustique de l'Ircam (1974-1980). Il supervise notamment le projet de transformation du son en temps réel grâce au système informatique 4x créé par Giuseppe di Giugno. Enrichi de son expérience à l'Ircam, il fonde en 1987, Tempo Reale, l'Institut Florentin d'électronique live. Son intérêt pour les folklores lui inspire Coro (1975), une de ses œuvres majeures. Dans les années 80, Berio réalise deux grands projets lyriques : La Vera Storia (1982) et Un re in ascolto (1984) sur des livrets d'Italo Calvino. Tout en continuant à composer, il revisite le passé à travers des transcriptions et des arrangements ou à travers la reconstruction de la Xème symphonie de Schubert (Rendering, 1989). Parallèlement à son activité créatrice, Berio s'est impliqué sans relâche dans des institutions musicales italiennes et étrangères. Sa notoriété internationale a été saluée par de nombreux titres honorifiques universitaires et prix dont un Lion d'or à la Biennale de Venise (1995) et le Praemium Imperiale (Japon). Luciano Berio meurt à Rome le 27 mai 2003.

 

Sources

    * Universal Edition
    * David OSMOND-SMITH, « Luciano Berio » (en anglais), dans Grove Music Online, ed. L. Macy, http://www.grovemusic.com (Vérifié le 5 septembre 2007)
    * Ivanka STOIANOVA, Luciano Berio : Chemins en musique, Paris, La Revue Musicale N° 375-376-377, 1985.

 

© Ircam - Centre Pompidou, 2007

••••••••••

••••••••••

‹ 
AVRIL
 ›

Mentions légales ©2e2m 2014